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michael2006music
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8 juillet 2006

ouaga hip hop festival

Hip Hop à Ouaga

La scène de la capitale burkinabé

A Ouagadougou, le hip hop a trouvé ses marques. A la moitié des années 90, le mouvement, qui avait fait une première escale africaine à Dakar s’est fixé à Ouaga. Et la sauce a pris. Freestyles en radio, travail intensif sur les textes, premiers pas de breakdance, la jeunesse ouagalaise s’est tout de suite reconnue dans ce mouvement qui fédérait une bonne partie des quartiers des capitales du monde entier. Cependant, elle a mis du temps pour concevoir qu’elle aussi avait son mot à dire sur la scène hip hop internationale. Basic Soul, un rappeur né en Côte d’Ivoire a sorti le premier album rap du Burkina en 1997. D’autres ont suivi, des labels se sont montés et ont sorti des compilations faisant état de l’incroyable diversité de la scène ouagalaise. 

Afro–rap

Petit à petit, le milieu hip hop s’est structuré autour de quelques figures pionnières du mouvement. Smockey d’abord, le métisse franco-burkinabé propriétaire d’Abazon, le premier studio d’enregistrement hip hop à Ouaga, rappeur lui-même et producteur à ses heures. Yeleen ensuite, le duo verni du rap ouagalais dont la sortie de l’album Juste un peu de lumière en 2001 a consacré une vision différente d’un rap made in Burkina. La synergie entre Mawndoe, griot et chanteur tchadien et Smarty, rappeur du cru, a permis au public d’adhérer massivement à un nouveau style de rap ancré dans la terre rouge du Faso. "Avant cet album, les gens ne se retrouvaient pas dans le rap venu d’Occident. Ils voulaient entendre parler de leurs réalités, de leur quotidien, avec leurs mots et des rythmiques d’ici. On a essayé d’emblée d’être le plus proche possible de notre public". Et avec brio. Consacré meilleur groupe africain aux Koras 2002 en Afrique du Sud, acclamé lors de plusieurs  tournées en Afrique et en Europe, le groupe a réussi à "crédibiliser le rap burkinabé sur la scène internationale d’abord  mais aussi et surtout sur la scène nationale". En effet, selon les membres du groupe, l’important était de pouvoir faire comprendre à la jeunesse "qu’on peut être ici et réussir en parlant des réalités qui nous sont propres".

Si leurs détracteurs affirment que le groupe vitrine du rap burkinabé pêche par leur sens un peu trop poussé du consensus, en octobre dernier le groupe a rassemblé 17.000 personnes dans un stade de Ouaga pour un énorme concert hip hop… Yeleen a ouvert la voie de "l’afro rap" à d’autres groupes qui, selon Mawndoe, "assument de faire une musique authentique, originale, propre au Faso". L’accompagnement des rappeurs par des musiciens live à la kora, guitare ou n’goni participe largement à l’édification de cette touche burkinabé. Ainsi, Faso Kombat, Smockey, Basic Soul ou les Black Marabouts s’accommodent parfaitement de cette alchimie entre hip hop et culture musicale africaine.

Professionnalisation

La scène hip hop ougalaise, dont les contours sont sans cesse redéfinis par la vitalité d’un underground florissant - chaque quartier de Ouaga compte plusieurs formations rap - est pourtant aujourd’hui en pleine mutation. Les soirées mensuelles Tribune hip hop du Centre Culturel Français ou "open mic" des différents lieux branchés de Ouaga, les émissions de radio spécialisées ou le festival Ouaga hip hop de l’association Umané Culture permettent aux rappeurs de monter sur le devant de la scène, mais cela n’est pas tout. Le milieu hip hop a besoin de se professionnaliser davantage. Peu de studios spécialisés existent aujourd’hui à Ouaga et les filières de distribution restent concentrées aux mains de sociétés qui en détiennent le monopole. De plus, les rappeurs avouent subir de plein fouet la concurrence des rythmes ivoiriens du type "coupé décalé". Si pour certains il ne s’agit pas des mêmes publics, pour d’autres, les sonorités ambiancées ivoiriennes font main basse sur les ventes et cela inquiète…

Pourtant, les tenants du mouvement hip hop se disent prêts à relever les défis futurs. On parle de plusieurs ouvertures de studios spécialisés au Burkina, l’édition 2005 du festival Ouaga Hip Hop (8-22 octobre) promet de privilégier les échanges sud/sud en axant la programmation sur les meilleurs groupes de rap africain : Positive Black Soul et Daara J du Sénégal, les Negrissim’ du Cameroun et bien d’autres…Ainsi, malgré les difficultés, Armand des Negramers déclare : "on tient la barre, on lâchera pas le mouvement de sitôt. Il faut prouver au monde entier et surtout à nous-mêmes de quoi on est capables". Parole de rappeur

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